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En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté

By 20/06/2019 No Comments

«La misère n’est pas une fatalité» et «La misère est l’oeuvre des hommes, seuls tes hommes peuvent ta détruire», rappelait Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde. Ces deux affirmations ont un impact irréversible. En construisant une autre approche de l’exclusion sociale, il a montré que la misère n’était pas la seule affaire des plus démunis, ni de leur seule responsabilité. Elle est un dysfonctionnement entre nous, citoyens. Elle l’est aussi entre les institutions et appartenances que nous construisons et certaines personnes que nous considérons hors du monde. «La misère, c’est ne compter pour personne.»
Le rejet des plus démunis est probablement aussi ancien que L’humanité. Mais, en même temps, le refus de ce rejet a toujours existé. Car, contrairement aux autres espèces, l’espèce humaine a survécu en protégeant les plus faibles et en développant une intelligence nouvelle. L’humanité est incontournablement interdépendante et il ne peut y avoir de sauve-qui-peut individuel.
Les sciences humaines révèlent que le stéréotype est une fonction naturelle de l’humain et rien ne sert de tenter de le nier. Les seules personnes avec qui nous dépassons les stéréotypes sont celles avec qui nous entrons en relation personnelle, intime, celles dont nous pouvons percevoir la complexité, les dilemmes, les multiples appartenances, l’histoire, celles avec lesquelles nous pouvons reconnaître la qualité d’être humain, non déterminé, libre, ayant une vie intérieure avec des combats, des joies, des peines, exactement comme nous-même.
Or, nous vivons dans un tel apartheid social qu’il n’y a pratiquement pas d’opportunité de rencontres libres, profondes et à égalité avec les personnes en situation de grande pauvreté. Les rencontres qui existent sont le plus souvent non libres : relation de mendicité, relation de bienfaiteur à bénéficiaire (que Wresinski qualifiait de relation de bienfaiteur à «obligé»), relation de mise en échec : les populations qui font échouer mon école, mon centre social, ma médecine, mon pays des droits de l’Homme. Quand ce ne sont pas carrément des relations fantasmatiques avec des personnes transformées en allégories du Moyen Âge : coupables de tous les maux, figures même du mal, ou victimes de tous et de tout, figures même du bien. Dans un cas comme dans l’autre, ces caricatures rendent les personnes concernées inhumaines et empêchent de reconnaitre la nature humaine de la personne en situation de misère.

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