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Chris Simon – Mémorial Tour 2016

By 02/10/2019 No Comments

Le devoir de mémoire nous protège-t-il contre la barbarie ?

Un couple sans histoire part en voyage organisé, une surprise que fait Patrice à sa femme Hélène.
Un matin, deux hommes viennent les chercher. Dans le véhicule qui les emmène jusqu’au lieu de départ, ils font la connaissance d’un couple plus jeune.
Après l’enregistrement, le couple attend sur un quai avec quelques centaines d’autres voyageurs alors que les organisateurs ont disparu… Le train entre en gare, les couples restent muets devant l’arrivée des wagons à bestiaux? Le voyage dans les ténèbres ne fait que commencer?

« Un roman au-delà de l’aventure, de la télé réalité. Du tourisme noir et de la science-fiction à la « The Hunger Games ». »

Pour aller plus loin

Tourisme noir ou tourisme mémoriel ?
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les touristes égarés dans un Manhattan décapitée se ruaient dans les boutiques pour acheter ce qu’il restait de cartes postales des Twin Towers. Pratiquement le lendemain, on trouvait pour 10 dollars dans les endroits les plus touristiques de la ville des photos des tours du World Trade Center en flammes, ou leurs ruines en couleur.
C’était choquant de voir les touristes afflués de tous les états du pays et du monde entier ; car nous étions en état de guerre, des check points avaient été installés de la pointe de Manhattan jusqu’à la 14e rue, (J‘habitais à la limite de Soho et Tribeca) et en même temps, je pouvais y voir une façon d’assimiler le choc éprouvé, celui d’avoir perdu une part d’identité et de tenter de se la réapproprier en achetant les images du désastre. Le monde entier se sentait meurtri par la destruction du plus haut symbole de puissance américain. Soit. Mais les tours n’étaient pas qu’un symbole pour les New Yorkais, elles étaient un paysage, un repère topographique, un rêve de puissance ou d’ascension sociale à atteindre ou tout simplement un lieu de travail pour des milliers de personnes (inclus, les métiers et business générés par leur présence)
Aujourd’hui, il y a un musée sur le site des tours du World Trade Center (lieu de mémoire à la demande des familles des victimes). Un lieu qui se voulait un lieu de recueillement, de mémoire et qui est devenue une attraction touristique, visitée, en 2011, par près de 4,5 millions de personnes (Le Figaro). Comme nombreux New Yorkais, je n’y suis jamais allée, je me demande encore si j’irai, car je ne vois pas très bien ce que cela m’apporterait.
Le tourisme noir ou tourisme de la désolation qui consiste à visiter des lieux, où des horreurs, des catastrophes, des massacres ont eu lieu est en expansion.
Définition sur un site d’un tour-opérateur : « Le dark tourism est un type de tourisme qui consiste à se rendre pendant ses vacances dans des lieux associés à des événements tragiques. Les motivations des visiteurs sont multiples, et l’expression relativement péjorative de tourisme noir est donc à utiliser avec mesure. »
Tour du génocide au Rwanda, parcours à Tchernobyl (site toujours radio actif), se mettre dans la peau d’un prisonnier toute une nuit à la prison de Karosta en Lettonie, tous les cauchemars sont possibles, palpables ! Les propositions de tour sont variées. Le touriste en mal de sensation extrême peut se faire peur autrement que par le saut en parachute ou à l’élastique, il peut approcher la souffrance, la mort atroce de ses semblables, vérifier le cauchemar en se rendant sur les lieux des violences.
Cet attrait pour le désastre, la mort, m’interroge, mais ce qui m’interroge le plus est le fait que les lieux de mémoire deviennent des lieux de tourisme de masse qui mélange les genres. Les images de touristes en short buvant du coca-cola ou se prenant en selfie dans ce qu’il reste des couloirs de la mort à Auschwitz est sinon indécent, du moins surréaliste.
Dans un article dans Télérama de 2011, le philosophe Alain Finkielkraut déplorait que le camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau soit devenu « le Djerba du Malheur », un lieu où le tourisme de masse vient brouiller le message originel, celui du souvenir : « On ne peut aujourd’hui sacraliser Auschwitz sans profaner Auschwitz […] Seulement, à partir du moment où on érige Auschwitz en temple de la mémoire, on en fait une destination touristique […] Nous sommes des proies consentantes de la grande malédiction touristique. Et c’est terrible, parce qu’il n’y a pas de coupable […] Je me dis qu’honorer les morts, respecter ces lieux, c’est aujourd’hui ne plus s’y rendre. »
On se dit qu’il est difficile parfois de faire la différence entre tourisme morbide et tourisme mémoriel.
Qu’est-ce qui distingue les deux, l’approche de la personne qui visite les lieux ou celle du tour-opérateur ? Qu’en pensez-vous ?
Avez-vous déjà fait un voyage de ce genre ?
Que pensez-vous de ce nouveau genre de tourisme ?

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