Lenoir Frédéric, Greggio Simonetta – Nina
Ce soir, Adrien a décidé de mourir.
Assis à son secrétaire encombré de boîtes de médicaments et de petits flacons foncés, il sectionne, hache, triture à l’aide d’un canif. De temps à autre, il verse les comprimés réduits en poudre dans un verre à whisky. Avec son tee-shirt délavé, sa tignasse ébouriffée et son regard espiègle, il a l’air d’un vieil adolescent, mais les plis profonds aux coins des yeux et de la bouche révèlent son âge véritable, la quarantaine avancée. Des orteils au genou, sa jambe droite est prise dans un plâtre terni. Encore dix jours avant de l’ôter pour recommencer à marcher normalement. Adrien sourit. Un sourire grinçant. Il sera mort avant.
Ses gestes se succèdent, rapides, sûrs, ses doigts travaillent sans relâche, puis s’interrompent brusquement. À travers la fenêtre ouverte lui parvient un aboiement joyeux, ainsi qu’une odeur de feuilles avant la pluie. Pendant quelques instants Adrien s’immobilise et observe. De l’autre côté de la rue, devant la grille du jardin du Luxembourg, Rose est en train de parler à Gaston. .