Le réveil du coeur – Francois D’Epenoux
«Je te laisse avec tous ces cons !»
C’était il y a dix minutes, une éternité, à l’heure de la sortie des bureaux. Le Vieux m’a accompagné jusqu’au quai du métro Pernety. La rame est arrivée, pleine à craquer, lourde, lente, comme pour laisser au vieil homme le temps de m’embrasser. Dans le couinement des freins, elle s’est immobilisée et chaque double porte s’est ouverte sur un rempart d’usagers compressés. Chacun d’eux me faisait face, hostile, dissuasif, raidi par la crainte d’être éjecté, et bien décidé à ne pas céder un pouce de l’espace occupé par ses pieds. Des naufragés entassés sur un radeau, voyant nager vers eux un autre naufragé..